Et bam !

Et bam.✨ (Partie 1)

Janvier 2020.

On habite à Bordeaux, dans notre appartement adoré.

On est tous les deux à l’université.

Le projet est de rester là encore deux ans, le temps d’avoir chacun terminé notre master. J’ai envie d’avoir des enfants, depuis toujours. On se dit tous les deux, qu’on aimerait bien que ça arrive dans quelque chose comme 8/10 ans.

J’achète des culottes menstruelles Rejeanne et j’ai trop hâte de les tester, ça sera plus confort que mes serviettes lavables.

L’histoire, c’est que je n’ai pas pu les utiliser avant juillet 2022…😅

Février 2020.

Retard de règles.

Comme tous les mois.

Je ne m’inquiète pas.

Je me sens fatiguée.

J’ai plus envie d’aller en cours.

Toujours pas de règles.

On est à plus d’une semaine de retard, mais j’ai déjà fait 14 jours.

J’attends un peu impatiemment.

A l’université, je mange un sandwich au thon, j’ai plus envie du thon après une bouchée.

Toujours pas de règles.

Vu les seins et les boutons partout, c’est sur ça va finir par arriver là.

11 février.

Après plus de 10 jours de retard, je me dis que bon, on va peut-être faire un test, au moins ça me détendra, et elles arriveront dans la foulée. (vous aussi vous avez ça non ?)

Je veux pas le faire toute seule, on sait jamais, alors j’attends la soirée.

Je finis par y aller.

J’ai peur.

Mais je me dis que c’est pas possible.

J’ai un DIU au cuivre, et ça fait déjà un an qu’il fonctionne.

Je me suis pas encore rhabillée que les deux traits sont là. Tout de suite. Et bien foncés. Il n’y a aucun doute.

Dans ma tête, je crois que c’est un cocktail d’émotions indescriptibles.

Un savant mélange entre choc, excitation et peur.

Je ne réalise pas vraiment.

Avec le recul, je crois que j’avais pas vraiment l’impression que c’était dans mon corps que ça se passait.

On a passé la soirée à se regarder en se disant, attend attend, est-ce que tu te rends compte ?

Je crois pas qu’on se rendait compte.

Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Et bam ! (Partie 2)

Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Dans les faits pratiques, on prend rdv pour une prise de sang, un rdv à l’espace santé étudiant parce qu’en vrai, on sait pas trop ce qu’on fait dans ces cas-là.

On nous demande ce qu’on envisage.

On dit qu’on ne sait pas encore mais qu’on est plutôt partis pour ne pas le garder.

On doit faire une écho de datation. (on passera sur le caractère très agréable de l’échographiste).

6SA.

On connaît les différentes possibilités maintenant, et c’est à nous de faire notre choix.

On marche beaucoup, on parle beaucoup, on croise cette petite fille dans le parc et pour la première fois, on se regarde en souriant parce qu’au fond de nous, on a envie de vivre ça un jour.

Un jour, mais pas maintenant. Là tout de suite, c’est trop tôt, c’est pas prévu. Ça nous tombe juste dessus.

J’ai peur. Aucun des choix ne me va en fait. Je n’ai pas envie d’avorter, mais je n’ai pas envie de le garder non plus. Je voudrais juste que ça n’existe pas et que ça n’ait jamais existé.

Je subis physiquement maintenant, je vomis. Ça devient même ma morning routine.

C’est vraiment difficile physiquement. Je suis épuisée et tout me dégoûte.

Après plusieurs jours, voir semaines, nos esprits se sont apaisés. On est toujours perdus mais le choc est passé.

La perspective d’avorter est horrible pour moi. Je ne veux pas.

Quand je pense à ce que mon corps abrite, je trouve ça incroyable.

Je n’arrive pas à croire ce qu’il se passe au creux de moi.

Je me rends compte que j’ai juste peur.

Mais que si je cherche dessous, j’ai envie de vivre ça.

Le temps passe et les pensées font leur chemin.

On doit retirer mon stérilet. C’est une manipulation risquée, qui peut déclencher une interruption de grossesse. Je me surprends à être inquiète à l’idée que ce soit le cas.

On décide de faire confiance à la vie.

Si ça s’arrête là c’est que ça devait se passer comme ça, s’il s’accroche encore, c’est qu’il a vraiment envie de vivre avec nous.

Et il s’accroche.

Comme pour sceller notre décision, on se l’écrit sur un bout de papier.

A partir de ce moment là, toute la perspective change.

On est toujours pas prêt du tout. (mais finalement, est-ce qu’on l’est vraiment un jour?)

Mais petit à petit, on commence à vraiment bien aimer l’idée.

A la fin du premier trimestre, juste après mon anniversaire, j’arrête de vomir. Enfin.

Aujourd’hui, je crois que c’est à ce moment là qu’à vraiment commencé ma grossesse. Ce n’était plus une épreuve. J’ai aimé être enceinte, je me sentais belle et aimée.

On a tout mis en place pour accueillir ce bébé. J’ai arrêté la fac, on a déménagé, on s’est informé.

J’ai imaginé la maternité que j’aimerais vivre et de nouveaux projets se sont dessinés.

Tout au long de la grossesse, l’amour pour ce petit être grandissait.

Et je découvrais et ressentais le pouvoir du corps humain.

C’était pour moi une expérience incroyable.

C’était une évidence évidemment.

Bien-sûr que ça devait se passer comme ça pour nous.

Merci Noah,

Merci de nous avoir choisi pour être tes parents.

C’est tout ça qui fait notre histoire, et je l’aime notre histoire.

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